Parcours, impression, ressenti et témoignage sur l'épisode algérien

 

Guy taberdgaGuy W. en 1960 Guy 2019Guy W. en 2018

 

MON TEMOIGNAGE

 

 

DEPART POUR L'AVENTURE

Je suis né  en 1938 à Paris 75014 – Classe 58/2A, j’ai été sursitaire incorporé en février 1959 avec la 59/1A au 1er BCP à la caserne Jeanne d’Arc – Boulevard Pommery à  Reims.

Incorporé au peloton des caporaux pendant 4 mois, j’ai fait ensuite 2 mois de casernement à l’entretien.

Auparavant les classes partant pour l’Algérie, se rendaient dans le nord-est Constantinois  près de la presqu’île de Collo, en bord de mer.

J’ai fait partie du premier contingent pour Kenchela dans le sud constantinois. J’ai perdu de vue de bons copains de classe.

En juillet, direction le camp de Mourmelon en camion pour rejoindre les wagons qui nous mèneront à Marseille.

Arrivés, nous prenons la direction du camp Sainte Marthe  à Marseille. Le soir, à trois, nous faisons le mur pour aller  nous taper une bouillabaisse sur le vieux port et se faire un bain de minuit au pied du fort Saint Jean.

416 depart en algerie marseille 1959

Je suis à droite sur la photo... Je commence à avoir chaud aux oreilles (date 07/1959)

Le lendemain, nous embarquons pour l’Algérie sur un vieux rafiot, ‘’Le Pasteur’’ qui avait ravitaillé en Corée et en Indochine. On apprend qu’il a déjà été réformé quatre fois. En mer, une demi-heure après, exercice de survie qui consiste à nous donner le mode d’emploi des gilets de sauvetage. Ne rêvez pas, l’hôtesse de mer ressemble davantage à un vieux marsouin qu’à une affiche de pin up pour chauffeur routier. Je ne vous décris pas le folklore sur ce rafiot qui se traine, avec l’odeur de gasoil, les relents de vinasse et de vomi. La classe quoi !

Pour clore la plaisanterie, on nous indique de grandes plaques de liège entassées sur le pont pour suppléer au manque de gilets de sauvetage, vu qu’on est en surnombre. J’ai fait la traversée, les godillots autour du cou et prêt à balancer mon froc s’il fallait se foutre à l’eau.

Arrivée à Bône, on prend illico le petit train du bled, direction Constantine, de peur que l’on se fasse la malle à la vue du paysage. Luxe garanti pullman (40 hommes ou huit chevaux) il manquait un peu de paille pour le rendre un tantinet confortable.

446 - Arrêt au KROUBS

Changement de train au KROUBS avec un wagon devant rempli de sable et un autre avec une tourelle armée d’une  12.7. On n’a même pas le moindre flingue pour protéger nos cacahuètes le cas où...

Arrivée à Kenchela où nous passons la nuit sous une tente marabout à l’odeur infecte. Avec quelques collègues, nous sommes  incorporés au 2/94 – 5ème Cie,  à la ferme Martin, tout près d’Edgard Quinet où se trouvait le PC du deuxième bataillon. Je perds mon dernier copain parti comme radio graphiste au 1er bataillon à Taberdga. Je le reverrai dix mois plus tard en venant en opé dans son secteur pour intercepter des Fels qui ont contourné le barrage électrifié.

Le Commandant de Cie est le Capitaine ANGELINI. Quelqu’un d’assez hermétique et peu communicatif. On sentait qu’il était là juste pour faire de la présence en attendant la fin de son temps en Algérie. Son adjoint était le Lieutenant de la MORLAIS. Un peu distant. Tous deux un peu trop à  cheval sur la hiérarchie. Genre, les serviettes avec les serviettes et les torchons entre eux. Ambiance coincée qui n’amène pas à se dépasser plus que nécessaire.

Je me suis donc retrouvé la 2ème section où j’y ai tenu tous les emplois au milieu de la section. Chargeur FM, Lance patates, voltigeurs, fusil lunette selon les missions (ayant mon brevet de tireur d’élite) pour terminer tireur FM.

On a été assez rapidement mis dans le bain : Patrouilles de nuit, embuscades, crapahutages, opérations, la 5ème Cie étant opérationnelle 24/24h et, malheureusement, nous avons rapidement eu à compter les pertes de copains lors d'accrochages et d'embuscades tendues par les fels. Surtout de nuit lors des retours en camions d'opérations sur le terrain. C'est en ces moments qu'on était les plus vulnérables.

Pour preuve : En retour d'opérations sur le terrain depuis plusieurs jours où nous avions crapahuté et ratissé un pan du CHELIA. Montagne et point culminant d'Algérie du massif des AURES. Nous avions pris les camions en convoi de nuit à BOU HAMAMA,  qui se trouve au pied du CHELIA, et où se trouvait la 11ème Cie du II/94 avec une batterie d'artilleurs de 155m/m. Nous prenions la direction d'Edgard QUINET pour regagner notre poste à la ferme MARTIN. Nous étions sur une route en lacets en plein maquis traversant des oueds et remontant au gré de la topographie du terrain.

481 en plein djebel

Les abords du CHELIA dans le massif des AURES, lieu de planques fells et de bien des accrochages

Au bout d'un moment, les distances de sécurité entre les camions n'étaient plus trop respectées et nous étions pleins phares de celui qui nous suivait. Nous étions fourbus et à moitiés endormies lorsque, à la remontée de la route d'un oued, nous nous sommes fait allumer par des fells en embuscade de derrière une barrière rocheuse  alors que le terrain face à eux vers la route était comme un billard.

Ils s'en sont donnés à cœur joie. Le camion suiveur a calé, le moteur perforé, mais nous laissant plein phares alors que le chauffeur de notre camion avait calé. Nous avons giclé du camion, sauf un resté touché. J'ai tiré un autre copain à l'abri des roues arrières. Je pensais qu'il s'était blessé en sautant, mais hélas, il avait pris une balle entrée en séton au niveau du cou dans le thorax. Il y avait sa chaîne de cou qui était enrée en partie en haut du thorax. Je l'ai senti partir dans mes bras.

Le premier touché, Christian ALLARD, revenait juste de permission. Et Jean LONCHAMBON était à 60 jours de la quille. Ils étaient de ma section et nous dormions ensemble dans la grange de la ferme MARTIN sur des lits superposés qui se trouvaient près du mien. En rentrant dans la chambrée, vous devinez les impressions qui pouvaient nous traverser.

Lors de l'embuscade, les fells ont eu le temps de vider au moins deux chargeurs chacun puis de disparaître dans la nuit à l'abri de cette barrière rocheuse qui descendait vers l'oued. Ce ne sont pas les quelques tirs de grenades à fusil qui ont dues les inquiéter. Une chaîne de la ridelle arrière du camion avait été coupée. On peut supposer que LOMCHAMBON a pris une balle à l'instant où il s'éjectait du camion. Je me demande encore quelle idée imbécile a pu traverser l'esprit de celui qui a décidé ce retour par convoi de nuit à travers un terrain que l'on savait infesté de fells. C'était le 21/11/1959. Je vous ferai grâce des autres péripéties malheureuses que nous avons dû endurer.

Commando de chasse 1

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Date de dernière mise à jour : 26/01/2024

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