UN CHANGEMENT

Au mois de juin 1959, la 5ème était passée sous le  statut de '' Commando de Chasse L 134 ''. Des changements dans les rations, les tenues : casquette, veste camouflée, voir, parfois, des pantalons, les chaussures, filet personnel de camouflage, djellaba, veste fourrée, sac de couchage, chaussures etc...) Le tout gratifié d'un stage commando dans la baie de STORA près de Philippeville.

Début janvier 1960, nous migrons de la Ferme Martin au village de Aïn Mimoun où se trouve un regroupement des familles de fellahs. Elles sont ainsi protégées des exactions des rebelles fellaghas.

Poste créé par la demi-brigade de la 13ème DBLE pour la protection de l’école et de la SAS et du village. A notre arrivée, il avait été occupé par un groupe d’artilleurs avec batterie de 105 m/m.  Malheureusement, les occupants se croyaient davantage en vacances, type Club Med, que dans un poste avancé perdu au milieu du bled auquel il fallait assurer un minimum de sécurité.

Prise d'armes au pose de AÏN MIMOUN - l groupe de commandement - 1 section Euro - 2 sections Harkis

Aucune sécurités basiques n'avaient été appliquées dans ce poste. Peu de patrouille, aucune embuscade, le poste était continuellement harcelé par un commando, une nahia, fell qui avait élu domicile dans les anciennes mines de fer, sur le djebel Faroum, qui surplombait le poste et le village.

Les artilleurs avaient quelques supplétifs du village, mais qui servaient davantage de ravitailleurs pour les fells en cartouches (aucun contrôle) et en vivre en pénétrant le village la nuit venue. Si bien qu’un jour, lors d’une corvée de bois, dans l’halftrack en protection, où tout le monde roupillait tranquillement, les cinq occupants se sont fait surprendre et égorger. Les fels ont récupéré la 12.7, les munitions et tout l’armement  des pauvres gus.

Il ne fallait pas croire que les gus d'en face, les fells, étaient que de simples paysans rebellés. Loin de là. Nombreux étaient d’anciens militaires issus des rangs de l'armée française et avaient fait les campagnes de la libération 1944-45, d'Indochine et de Corée. Ils connaissaient le combat sur le bout des doigts. Nous on était des bleus qui apprenaient à devenir ce qu'ils sont devenus. Et eux avaient l'avantage de la guérilla. D'où la création des ''commandos de chasse '' pour leur apporter une opposition valable au lieu des positions statiques en postes retranchés.

Lorsqu’on est arrivé, il a fallu remettre de l’ordre dans le poste, le village et dans les supplétifs. Puis sécuriser les alentours du poste et reconnaitre les points de passage en faisant patrouilles et embuscades. Les harcèlements du poste se sont vite arrêtés et le village a été de nouveau sécurisé.

Le commando a adopté une autre configuration : 1 groupe de commandement, 1 section européenne et deux sections harkis que nous avons formés avec les jeunes du village. Soit 120 à 130 gus opérationnels plus une quarantaine qui gardait ou servait le poste en l’absence du Commando.

Je passe caporal et suis assigné comme radio à la troisième section Harkis sous le commandement de l’Adjudant CHAVEROCHE. Entre deux opérations, je fais des remplacements comme sous-officier d’ordinaire et chef radio de l’antenne du poste.

AÏN MIMOUN - En attente sur la DZ (Dropping zone) pour monter dans les hélicos.

Quelques mois et opérations plus tard, c'est la perm de 15 jours. Je retombe dans un monde complètement oublié et dans lequel je me sens un peu dépaysé. Ambiance bizarre, déconnectée complètement des évènements qui se passent en Algérie si loin de la vie que nous vivons là-bas depuis des mois.

Quelque part cela me choque comme m’ont choqué les photos des poilus de 1914-18 dans les tranchées et la souffrance alors qu’à Paris, on faisait la fête sans se soucier des milliers de morts qui tombaient chaque jour !!!

Clic sur le grognard ---> Page 3