MON TEMOIGNAGE - Page 4/4

 

LE RETOUR

Mon retour en France…. Ça c’est une autre histoire… Réadaptation assez difficile. Surtout en apprenant que tout avait été mis en œuvre pour empêcher les Harkis de venir se réfugier en France.  Des ordonnances révélées depuis sont accablantes d'abjection envers ces familles qui se sont fait massacrer.

Monsieur MESSMER, lui qui se targuait de porter avec fierté l’insigne de la Légion comme ancien légionnaire, n’a pas hésité à ‘’pondre’’ une circulaire interdisant par tous les moyens la venue de ces Harkis sur le territoire. Certains, ayant tout de même réussi à passer, se sont vu contraints de retourner en Algérie. Par contre, on a été moins regardant pour laisser passer certaines racailles qui se sont multipliées et qui ne cessent de proliférer sous l'encouragement de politiciens corrompus en mal de voix.

On a appris, depuis, que les cas de conscience ne sont pas l'apanage de ceux qui gouvernent  " Qui veut la fin prend les moyens " sans autre formalité.

Beaucoup d’amertume en pensant à ces 28 mois de jeunesse perdus et gâchés pour rien. Et encore, par rapport à d'autres, bien content de m'en être sorti sans dommage physique, à quelque chose près.

En chacun de nous, dans notre inconscient, les dégâts psychologiques ont fait leur œuvre.

Mais psychiquement, moralement, la " vrille " a fait son chemin et plus les années passent, plus elle continue à creuser. Mais l’époque, les appelés, eux et leurs familles, n'avaient pas droit à la moindre assistance.

Comme beaucoup, nous ne parlons pour ainsi dire jamais de ces moments avec ceux qui en sont étrangers. Trop difficile d'exprimer le ressenti qui s'est intégré à notre être, qui fait partie de nous-mêmes, pour que d'autres puissent réellement bien comprendre ce que nous ressentons. Mon grand-père a fait de même dans mes souvenirs le concernant. Croix de guerre, gazé, blessé d'éclats d'obus à Verdun au chemin des dames.

Mon Père, lui, a fait ''marrons '' les boches en s'évadant et en vivant avec de faux papiers comme cuistot au Secours National. Il aurait pu s'en vanter. Mais même pas. Par contre, il trouvait écœurant de voir certains collabos courir à la chasse aux honneurs pour se constituer une certaine réhabilitation.

Serions-nous vraiment capables de trouver les mots justes qui amèneraient à une certaine compréhension de ceux qui n'ont pas vécu dans le contexte de cette situation ?

C'est un peu comme une odeur ressentie qu'il est bien difficile d'exprimer et de faire partager à quelqu'un qui ne l'a jamais ressentie lui-même.

Aussi, c'est pour cela qu'il n'y a qu'entre nous, que nous pouvons en parler, car nous sommes tout de suite dans un monde que nous avons partagé. Aussi cela soulage, un peu, les mauvaises sensations et impressions qui nous poursuivent encore. Mais cela n'effacera jamais cette mauvaise conscience qui nous habite et ressentons au fond de soi des suites des abjections que nous avons vécues, et plus spécialement l'abandon des HARKIS.

Pourtant, nous n'en sommes pas les vrais coupables ni les responsables, mais le fait de la lâcheté des politiques. Ils se sont servis de nous.  Ils nous ont pris 28 mois, voir pour certains, 36 mois de notre jeunesse. Merci M. MITTERAND, alors ministre de l'intérieur qui prit la décision d'envoyer la jeunesse accomplir les basses besognes de leurs ambitions politiques par leurs décisions du moment.

Mais le pire a été la manipulation dont nous avons été l'objet.  Inconsciente sur le moment, mais qui a laissé énormément de traces sur beaucoup et qui ont eu du mal à les surmonter. Certains ne l'ont jamais pu !

Il faut savoir qu'à l'époque les services psychologiques n'existaient pas !

On a fait avec sans nous plaindre !

C'est avec le recul, hors du contexte, que nous avons pu faire l'analyse de ces mois vécus et constater l'influence qu'ils ont pu avoir sur notre raisonnement et notre comportement. On a beaucoup entendu des contre-vérités et calomnier les militaires engagés, par ceux qui, pour la plupart, n'ont pas participé aux combats hors les villes.

Ils se sont permis de juger avec partialité ce qu'il leur convenait de démontrer, loin des réalités vécues sur le terrain par des jeunes, à peine préparés, face à des rebelles aguerris par les guerres précédentes.

Merci messieurs les politiques et gouvernants de tous bords pour nous avoir bien manipulés !!!   Je pense que la politique finie par pourrir tout ce qu'elle touche. Qu'elle permet trop aux bassesses de l'esprit de s'épanouir et à l'aptitude de l'humain de s'en accommoder

                                                                                             Guy WINGERTSMANN 

Commando de chasse 1

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Date de dernière mise à jour : 26/01/2024

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